En 1926 à Serrières en Ardèche, Albert Gleize fonde une communauté d’artiste d’artiste et d’artisans à Moly-Sabata. Ses recherches sont imprégnées de mysticisme, nourries par son travail théorique sur la spiritualité de l’art depuis le Moyen-age. La décoration murale constitue alors une part importante de ses préoccupations. Au sein du mouvement international Abstraction-Création fondé en 1931, réunissant des artistes de toutes les tendances de l’abstraction, Gleize apparaît comme le partisan d’une abstraction allusive, inspiré de l’art roman. Le thème de la figure en gloire qui rappelle celle du Christ sur les tympans d’églises, apparaît vers 1934 dans son œuvre.
Moly-Sabata est une maison située au bord du Rhône à Sablons (Isère) à 50 km au sud de Lyon. Albert Gleizes et son épouse qui occupent depuis 1923 la maison familiale des Roche à Serrières décident de louer cette ancienne maison de mariniers de l’autre côté du fleuve (ils l’achèteront quelques années plus tard). Cette maison doit permettre à des artistes et à des artisans de vivre et de travailler à l’écart des villes, en accord avec les idées des Gleizes sur la réhabilitation du travail de la terre et de l’artisanat. Les premiers occupants sont d’abord, le peintre Robert Pouyaud et son épouse (1927-1930), suivis par le compositeur César Geoffray (de 1931 à 1942) et par la céramiste Anne Dangar, qui sera longtemps “l’âme” de Moly-Sabata (de 1930 à sa mort en 1951). Dans les années 1930, Moly-Sabata devient sous la direction d’Anne Dangar un centre de formation à la méthode d’Albert Gleizes. Des expositions et des conférences y ont lieu, mais aussi des ateliers artistiques pour les enfants des environs et des fêtes populaires. Les disciples de Gleizes, dont le plus actif est le peintre Jean Chevalier, y font alors de fréquentes visites. Moly-Sabata assure ainsi le rayonnement de l’œuvre et de la pensée d’Albert Gleizes, relayé à Lyon par l’atelier du Minotaure de René-Maria Burlet, la galerie Folklore de Marcel Michaud et après la mort d’Albert Gleizes par le musée des Beaux-Arts auquel Juliette Roche consentira une importante donation d’œuvres de son mari en 1954. Après la mort de Lucie Deveyle qui anime Moly après la mort d’Anne Dangar, les céramistes Geneviève de Cissey-Dalban et Jean-Claude Libert continueront à travailler dans l’atelier d’Anne Dangar (celui-ci existe toujours). Signe de l’attachement de la commune à cette haute figure, le nom d’Anne Dangar a d’ailleurs été donné il y a quelques années à une rue du village.