Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

GIARRUSSO Raphael

 

1925 – 1986

Né à Montréal au Canada, Raphaël Giarrusso est d’origine italienne, sa famille venant de Molise dans les Abruzzes, région située à l’est de Rome, le long de la côte adriatique.  Son père, Cosimo Giarrusso est arrivé au Canada en 1913 à l’âge de 27 ans. Il s’installe à Montréal et attendra dix ans avant de faire venir sa femme Saveria et sa fille aînée Philomène. Ils auront encore trois enfants dont Raphaël qui naît le 29 mars 1925.

De parents modestes et peu tournés vers l’art, Raphaël est néanmoins attiré par une carrière artistique et démarre, à quinze ans, l’Ecole beaux-arts de Montréal. Etudiant doué et travailleur, il participe très tôt à des expositions, réalise des décors de théâtre pour lesquels il est récompensé et part étudier la technique de la fresque aux USA. Puis il reçoit une bourse pour venir étudier aux Beaux-arts de Paris où il arrive en août 1948.

Comme tous les artistes de cette période, il a du mal à gagner sa vie, les loyers sont chers pour un jeune débutant, il fait des petits boulots pour survivre… La chance lui sourit lorsqu’il rencontre une famille qui lui prête sa résidence secondaire à Accolay, village situé près d’Auxerre. Il continue de peindre, mais pour vivre, travaille comme sculpteur chez un marbrier à Vermenton. Celui-ci lui fait cadeau de quelques pierres avec lesquelles il réalisera ses premières sculptures.

1953 à 1963 : Les Poteries d’Accolay

La première aventure des précurseurs d’Accolay était communautaire et religieuse. En effet, André Boutaud, Slavik Paley, Rodet et Louis Dangon se sont connus lorsqu’ils étaient élèves d’Alexandre Kostanda pendant la guerre, alors que celui-ci enseigne au lycée professionnel de Saint-Laurent les Macon. Vers 1944, ils sont stagiaires à Vaugermain, près d’Accolay. Après leurs premiers essais, ces quatre amis décident de s’installer dans une ancienne maison bourgeoise à l’entrée du village d’Accolay, près d’un transformateur, afin de produire de petites céramiques et de former une communauté religieuse.

Ils sont très vite rejoints par Fédor Iodschine, chimiste, qui s’occupera des émaux. Ils démarrent leur production en 1945 par des boutons et des bijoux pendant deux ans. Puis ils lancent une production de poteries utilitaires avec une idée de génie : présenter et vendre leurs œuvres dans des stations-service, grâce aux raffineurs d’essence qui les sponsorisaient ! Et comme c’était le début des congés payés et l’essor de la voiture individuelle, les potiers d’Accolay ont réussi au-delà de leurs espérances.

Lorsque Raphaël Giarrusso arrive en 1953, l’entreprise tourne, elle est bien menée par André Boutaud qui a toujours de belles idées, c’est lui qui lance les thèmes de chaque collection. Raphaël y entre comme peintre et décorateur. Il réalise les prototypes des décors qui seront déclinés après par les « petites mains ». Son style est l’un des plus connu avec des formes figuratives stylisées soulignées par un trait rehaussant le tout, et des couleurs franches. Il y apprend à tourner, mais ça n’est pas ce qu’il préfère.

Passionné par les animaux, Raphaël les dessine et les sculpte fréquemment. Avec son ami Georges Pelletier, arrivé à Accolay un peu après lui, en 1956, ils créent des animaux dont les pattes, et le cou sont des fils de fer… Tous les animaux possibles, y compris des papillons par exemple ! Ainsi que des personnages, souvent des guerriers, des mousquetaires, dont les bras, jambes et cou sont en fil de fer, ou bien des pièces de jeux d’échecs, etc.

Pour la technique, notons que les tiges en métal étaient fabriquées dans un mélange de Nickel, de Chrome et d’Aluminium, ce qui permettait de les positionner dans les céramiques et de les cuire dans un four électrique à plus de 900°. Cette technique de fil de métal était courante à l’époque.

Atelier Rébéval, 1964

Cependant, la vie à Accolay pour Raphaël et sa famille n’est pas si facile, la maison, située juste en face de celle de Fédor Iodschine, est petite. Il a rencontré sa femme Marie-Christine Meyranx en 1955, ils se marient en 57 et ont trois enfants, Vincent, Véronique et Emmanuel. André Boutaud est un excellent manager, qui sait mobiliser ses troupes, mais, surchargé de travail, Raphaël éprouve le besoin de voler de ses propres ailes. Il décide, avec Georges Pelletier, son ami, de lancer une production commune. C’est l’aventure de Rébéval en 1964.

Ils ouvrent un atelier 82 rue Rébeval dans le XIX° arrondissement de Paris. Pour comprendre cette aventure, il faut penser que ces deux amis ont créé une réelle mécanique à succès : ces animaux, personnages, et lampes ajourées marchent très bien et ils veulent exploiter cela en augmentant les dimensions de tous ces objets. Ils vont également développer les lampes ajourées et en exploiter toutes les possibilités, principalement de grands pieds de lampes cylindriques avec des cercles ajourés laissant passer la lumière intérieure ou des cercles avec pastilles tenues par un fil de fer. La plupart du temps, il y avait un éclairage à l’intérieur du pied, la lumière passant par les vides prévus.

Pendant l’aventure Rébéval, Raphaël travaille quinze jours à Paris et quinze jours à Vermenton. Et c’est sans doute cela qui lui pose un problème, trop compliqué, fatiguant… Leur aventure ne dure qu’un an, puis ils reprennent leur autonomie, Raphaël ouvre alors son atelier à Vermenton, non loin d’Accolay.

Atelier personnel, 1965

Dès ce moment-là, Raphaël Giarusso expose au Salon des Ateliers d’Art, Porte de Versailles, et ce pendant longtemps. Nous trouvons sur ses stands, beaucoup d’animaux, dont des sangliers, des taureaux, des chevaux, des oiseaux, des cerfs, des gazelles, des bisons, un rhinocéro énorme… ou bien un marabout géant à côté d’échassiers magnifiques…  Il travaille plusieurs années pour Roche et Bobois, magasin essentiel pour lui dans la diffusion de ses luminaires et pièces décoratives. Par ce biais, Raphaël vend beaucoup et assez longtemps. Puis il expose à Vézelay, à Migennes ou à Joigny.

Raphaël Giarrusso est particulièrement connu pour ses soldats, guerriers médiévaux ou mousquetaires, il exploite là une veine réussie de personnages portant fièrement épées, boucliers ou lances et s’amuse à leur façonner des visages à contre-emploi de leur sérieuse fonction… Il n’y a qu’un pas pour que tout type d’homme ou de femme naisse sous ses doigts, que ce soient une japonaise, un joueur de mandoline, un chinois de 74 cm ou une femme au chandelier de 76 cm…Raphaël est l’un des rares céramistes de cette époque à avoir créé des personnages presque grandeur nature, comme ses grands guerriers ayant une hauteur totale de 1,74 m, construits en trois parties, avec une lance et un bouclier ajouré éclairant. Nous ne savons – à ce jour – combien de ces grands guerriers ont été réalisés.

En dehors de ces pièces connues, Giarrusso réalisa quelques expériences, dont deux ou trois lampes « HLM », comme il les nommait, formées de plaques de céramiques montées comme une tour d’habitation et portant un éclairage interne. Ces lampes sont remarquables : l’équilibre des volumes est parfait, le rythme interne des plaques est d’une grande aisance, nous pourrions considérer ces pièces comme l’aboutissement et l’apogée de son intéressante carrière.

Sa dernière exposition a lieu à Vermenton en juillet 1985 et il y présente des têtes modelées dans un style un peu différent. Raphaël Giarrusso pensait revenir à la peinture et au pastel qu’il affectionnait, mais il décède trop jeune, le 21 janvier 1986 d’une rupture d’anévrisme.

Retour sur les artistes

  • Listing ID: 36866
  • Par période: Les années 50
  • Par ordre alphabétique: C
  • Par lieu: Vallauris