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Jean-François Fouilhoux

Sculptures céladons aériennes

Passionné et passionnant, Jean-François Fouilhoux (né en 1947) est un chercheur génial, un joueur permanent et un chimiste tenace. Comme la quête du rouge a passionné les artistes du XIXème siècle jusqu’à Ivanoff, la quête du céladon a tenu en haleine cet artiste et ses collectionneurs.

Dès son enfance à Corbeil-Essonnes, il est tombé dans la terre car son voisin, Daniel Cadot, est céramiste et c’est avec plaisir que JFF malaxe l’argile, lui qui est déjà très doué en dessin. Naturellement, il suit l’exemple de son ainé et s’inscrit en 1963 à l’Ecole des Arts Appliqués, rue Dupetit-Thouars, où il reçoit une solide formation de toutes les disciplines artistiques ouvrant aux métiers d’art. Les deux écoles (Arts Appliqués et Métiers d’Art) fusionneront en 1970 et deviendront l’Ecole Nationale Supérieure des Arts appliqués et des Métiers d’Arts, rue Olivier de Serres. Très doué en dessin, il apprécie son professeur de l’époque, Roger Plin. En modelage également, JFF est performant, à tel point que son professeur lui donne à modeler des pièces plus particulièrement difficiles.

En 1969, un évènement fait basculer sa vie : à la suite des cours sur la céramique chinoise, JFF grimpe au dernier étage du musée Guimet et, dans la salle de la collection Calmann-Lévy, est happé par un vase de l’époque Song (960-1279 ap JC) sur lequel s’enroule un félin… La terre ocre sous-jacente transparaît sous les arêtes de cette petite sculpture, et l’émail céladon s’épaissit à d’autres endroits, ce qui émeut profondément ce jeune artiste. C’est décidé, il sera céramiste et se consacrera à retrouver la technique du céladon de la Chine ancienne.

C’est en 1976 qu’il ouvre son atelier près de Blois. Il doit assurer le quotidien et produit des pièces utilitaires qu’il vend au Salon des Ateliers d’Art. Puis il crée des pièces artistiques en 1979 et le succès arrive. Sur de grandes formes ovoïdes, ou sur des coupes, il expérimente les émaux de haute température, laisse le feu fendiller l’émail, cherche les coulures naturelles formant lignes et dessins aléatoires qui le réjouissent.

Il est médaillé dès 1980 en Allemagne et en 1982 à Vallauris pour des coupes céladon. Et expose dès 81 à la galerie Sarver et chez Noëlla Gest. Le succès est au rendez-vous, et il exposera dans le monde entier.

Ses recherches sur le céladon débutent par des formes concaves de coupes, bols. Mais JFF cherche l’impossible, les oppositions et les contrastes : la profondeur du céladon et sa transparence, la lumière à travers l’émail, l’opposition entre le lisse et le rugueux, la légèreté de la terre, le naturel et la ligne droite, les pleins et les déliés, le fini et le non fini, le curviligne et l’angle droit…

Or donc, pour trouver l’impossible, JFF crée un outil à sa main : une lame.

Sorte de fil à couper le beurre, c’est un ruban de métal souple d’un centimètre de large sur soixante de long environ, JFF peut ainsi séparer un bloc de terre selon le mouvement qu’il fait avec sa lame. Et, avec ses évidoirs, il réalise des angles acérés ou la lumière s’accrochera.

Une lente évolution de ses formes concaves vers des sortes de vagues, aboutit à ses calligraphies actuelles, semblant flotter dans l’air…. Toutes les nuances du céladon ont été explorées avec une sensibilité infinie…

Poésie, étonnement, émotion, douceur de la couleur réveillée par des cassures acérées, les pièces de Jean-François Fouilhoux plongent le contemplateur dans un abîme de plaisir.