La Maison du Chanoine à Treigny nous offre une belle exposition sur une parenthèse insolite des Hirlet, lorsqu’ils furent inspirés par la botanique et les plantes potagères…
Nés en 1936, André et Michel Hirlet travaillent ensemble depuis 1963. Andrée s’est formée à la céramique au lycée de Sèvres entre 1953 et 1957 avant de faire l’école des Métiers d’art en 1957 et 1958. De 1958 à 1963, elle expose au Salon des artistes décorateurs et au Salon de l’art sacré. Michel a suivi également l’école des Métiers d’art de 1955 à 1958, tout en participant aux cours de dessin de la ville de Paris de 1954 à 1959.
Leur long parcours de création à quatre mains est tourné vers la sculpture et la sculpture architecturale. Ils ont été sollicités par une douzaine de villes importantes pour créer des décors monumentaux modernisant l’esthétique urbanistique, comme de grandes fontaines à Saintes ou à Calais, des bancs-sculptures à Pont-l’évêque, ou de grands totems à Chevigny Saint Sauveur.
Pour leurs décors monumentaux et leurs sculptures, les Hirlet conçoivent des pièces de géométrie arrondie, souvent des blocs intégrés les uns dans les autres à la fois pour la cuissonOpération consistant à soumettre des céramiques façonnées et séchées à l’action du feu, dans un four, pour les solidifier par durcissement de la pâte. More et à la fois pour l’esthétique sur le principe des modules combinatoires. Leur travail est assez rare dans la mesure où ils forment une réelle osmose dans leur style par une structure géométrique forte renforcée par des courbes et des contre-courbes, osmose complète d’un couple ayant trouvé une écriture très particulière, comptant également sur de larges bandeaux de couleurs intenses mais assourdies comme des bleus durs et des bleus ciel, des violets ou des rouges brique pour casser le dessin. Ils utilisent le grèsLe grès est une argile naturelle contenant de la silice, capable de supporter une haute température de cuisson (1200-1400°C), qui la vitrifie partiellement, et la rend imperméable aux liquides. Le grès peut être recouvert d’une glaçure ou couverte pour accentuer son étanchéité ; la glaçure caractéristique des grès est le vernis au sel, produit par volatilisation de sel marin en cours de cuisson, qui, réagissant avec la silice de la surface de la pâte, donne une fine couche vitrifiée. Par extension, on appelle Grès un objet fabriqué dans ce matériau. More chamotté et émaillé avec des matériaux préparés par leurs soins.
L’exposition présentée à La Maison de Chanoine en aout et septembre se penche sur une des inspirations profondes du couple, leur passion pour la botanique, les plantes potagères, les graines, etc. et présente pour la première fois un ensemble d’environ soixante œuvres consacrées à ce thème. Légumes géants au style très architecturé, graines colossales, feuilles, personnages végétaux poétiques, Daphnée en pleine métamorphose, mandragore à l’allure humaine, plantes en pot, excroissance végétale ou encore plats à décor de légumes et de fruits aux lignes simplifiées constituent un corpus peu connu et jamais montré d’une grande variété de formes, de styles et de couleurs. Ce thème, abordé dès les années 1970-1975 par Andrée et Michel Hirlet, perdure toujours puisque Andrée Hirlet a réalisé une petite série de graines géantes et de plantes en pots, spécialement pour cet événement.
La maison du Chanoine en Puisaye est une ancienne fabrique de poteries utilitaires au XVIII° et au XIX° siècle, et possède encore ses anciens ateliers et ses deux grands fours couchés typiques de la région. Cette propriété appartient à Stéphanie Gachon, historienne d’art, qui l’a transformée en un magnifique lieu d’exposition pour la céramique contemporaine où sont passés les grands artistes tels qu’Anne Kjaersgaard, Jean Linard, Jean Cacheleux, Alain Gaudebert, Robert Deblander, Fance Franck, Antoine de Vinck, ainsi que tous les artistes de l’APCP (Association des Potiers Créateurs de Puisaye) dont le siège demeura longtemps la Maison du Chanone, avant de s’installer non loin, au Couvent de Treigny où il se situe actuellement.
Cette exposition a été réalisée grâce à la collaboration de la Galerie Prisme, dirigée par Chancelia Debraux, amie d’Andrée et Michel Hirlet et qui défend leur œuvre depuis 2004. Cette galerie, (appelée les temps modernes en 2004, puis les modernistes jusqu’à 2016) a présenté une première rétrospective de leur travail en 2005. Une autre rétrospective, monumentale celle-là, a consacré le travail de ces géants de la céramique en 2017 au musée de Sèvres. Y étaient exposées plus d’une centaine de sculptures réalisées entre 1958 et 2017. Suivent une présentation au PAD Paris en 2018 et à la Biennale Paris la même année par la galerie Gastou. La galerie Dobrinka Saltzman en 2019 présente à New York 26 œuvres choisies avec un catalogue à l’appui. Ces artistes sont représentés en permanence à la galerie Prisme.
Photos Archives Hirlet.
Exposition du 7 aout à fin septembre 2021
La Maison du Chanoine, 34 rue du Chanoine Grossier
Le Chaineau
89520 Treigny