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Retournons en Chine un peu avant les débuts de l’ère commune, car il se passe quelque chose d’important là-bas sous les Han. Nous rappelons que les représentations humaines ou animales étaient posées dans les tombeaux de personnages importants, souvenez-vous de l’armée de l’empereur…

Dynastie des Han (206 av. JC – 220 ap. JC)

Exploitant la découverte de la glaçure plombifère qui se faisait lors de la période des Royaumes Combattants, les potiers réussirent à produire des vases de terre cuite recouverts d’une glaçure qui sont considérés comme des « proto-céladons ». On voit aussi sous les Han des vases à glaçure verdâtre plus ou moins transparente, réalisée au moyen d’oxydes de cuivre dilués dans l’eau. Et cette couverte sert aussi pour des représentations de personnes, d’animaux et de bâtiments qui accompagnent le mort suivant un rituel d’inhumation qui tempère les excès passés.

Oie debout. IIs av JC. Terre cuite et engobe polychrome;
Tour d'observation. Chine du Nord, Henan. II s ap JC. Terre cuite rouge, glaçure plombifère. Musée Guimet.
Tête de cheval. Dynastie des Han antérieurs. Terre cuite grise engobée et peinte
Dame agenouillée. Chine du Nord. II av JC. Terre cuite grgise, engobe Blanc, polychromie. Musée Guimet

Dynastie des Wei

Du point de vue culturel, la période des Wei du Nord fut marquée par une floraison sans précédent du bouddhisme. Les deux capitales dynastiques furent dotées de monastères grandioses, et des sanctuaires rupestres furent construits dans leurs alentours, à Yungang et à Longmen. Ils témoignent de la richesse de l’art bouddhiste de cette époque, grâce au patronage de la famille impériale et des élites aristocratiques. Par ailleurs, la prospérité de ces groupes est également connue par les trouvailles effectuées dans des tombes qui ont livré un important matériel archéologique.

Les recherches se sont concentrées sur les tombes aristocratiques, qui reprennent les traditions héritées de l’époque des Han : il s’agit de sépultures souterraines, disposant d’une structure en briques, organisées autour d’une ou deux chambre(s) funéraire(s) et accessibles depuis l’extérieur par une rampe d’accès, fermée à l’entrée de la tombe par une dalle. À partir de ce modèle, se déclinaient plusieurs variantes régionales plus ou moins connues par les fouilles.

Les objets les plus courants dans les tombes des élites sont les figurines en terre cuite, représentant souvent des guerriers, qu’il s’agisse de combattants à pieds, de cavaliers ou d’archers, mais aussi des serviteurs et des divertisseurs, en général d’origine étrangère (venus d’Asie centrale), comme des musiciens, des acrobates, des danseurs, des écuyers, des chameliers, des servantes, parfois des animaux, des équipements agricoles

Cheval carapaçonné. V à Vi s. Terre cuite grise, polychromie. Musée Guimet
Gardien. Début VI s. Terre cuite moulée, trace de polychromie. Musée Guimet.

Dynastie des Tang (618 à 907ap JC)

Deux danseuses. Milieu VII s. Terre cuite blanche, glaçure plombifère. Musée Guimet

Cette dynastie fut un « âge d’or » dont le dynamisme ouvrit largement le monde chinois sur l’extérieur, en développant considérablement la route de la soie, ainsi que les relations avec l’Asie centrale et la Perse. L’art de la céramique Tang commença à s’exporter largement, et parfois fort loin, jusqu’en Égypte et même au Kenya. Cette période a vu apparaître des céramiques bien différentes d’aspect mais de grand intérêt : les céladons et les sancai. Cette dernière technique apparait fin du VII° siècle et montre de beaux effets de matières ruisselantes avec trois couleurs, brun, jaune et vert.

Grâce à l’utilisation d’oxyde de cobalt, les potiers Tang expérimentèrent aussi un tout nouveau style de céramique qui connaîtra un grand succès sous les dynasties Yuan, Ming et Qing, les céramiques « bleu et blanc » 

Mais le grès qui leur sert de support a fait aussi l’objet de recherches dès le III° siècle, en le mélangeant avec le kaolin, rendant la céramique plus résistante et plus facile à travailler que le kaolin pur. Il s’agit d’un grès porcelaineux. Partiellement vitrifié, la cuisson s’opère au grand feu (1050 à 1250 °C). La porcelaine fine se développa et fut de plus en plus appréciée. L’une des premières mentions de porcelaines par un étranger fut faite par un voyageur arabe dans la Chine des Tang, qui écrivait : « Ils ont en Chine une argile très fine dont ils font des vases qui sont transparents comme le verre ; on peut apercevoir l’eau au travers de leurs parois. Ces vases sont faits d’argile. »

Cheval. VIII s. Terre cuite, glaçure polychrome. Musée Guimet
Joueuse de Polo. Fin VIII s. Terre cuite rouge, engobe et polychromie. Musée Guimet
Caravanier étranger. VII s. Terre cuite polychrome. Musée Guimet
Cinq danseuses. Fin VII s. TErre cuite moulée, engobe et polychromie. Musée Guimet

Dynastie des Song (960 - 1279)

La couleur verte transparente, dans les célèbres céladons Yaozhou gagnait en nuances grâce à des décors de faible relief. Le céladon bénéficia d’un succès rapide, devint l’objet de tous les soins même par l’empereur Huizong. D’autres céladons se répandirent, sous des aspects moins subtils, grâce au commerce maritime qui se développa dans les siècles suivants.

Enfin, parmi de nombreuses inventions sous les Song, il faut souligner l’importance pour les lettrés, mais aussi pour un public bien plus large ensuite, des céramiques produites d’abord à Cizhou. En général elles sont ornées d’élégants motifs qui évoquent la vie, les pivoines qui reviennent chaque printemps, ou le bambou qui plie au vent, et de simples scènes de la vie quotidienne, le tout tracé au brun de fer sur un fond blanc de barbotine*, et d’un trait de pinceau vif, sans repentir possible qui rappelle le travail de l’encre.

Les porcelaines de la dynastie des Song furent renommées dans le monde entier pour leur beauté « classique » : formes simples et élégantes, glaçure unie, sur le modèle des céladons. À la différence du monde coloré et cosmopolite des Tang, les Song privilégiaient une esthétique sobre et raffinée. Ces céramiques sont d’ailleurs très souvent monochromes, et les motifs décoratifs, lorsqu’ils sont présents, restent très discrets.

Arhat Tamrabhadra : sixième disciple du Bouddha. Terre cuite à glaçure "trois couleurs" (Sancai). Musée Guimet

Dynastie des Yuan (1271 à 1368)

La dynastie mongole des Yuan, héritière de Gengis Khan, régna sur la Chine de façon draconienne. Mais, malgré le sort extrêmement dur qu’elle réserva aux populations chinoises, elle sut encourager un certain épanouissement artistique, et promouvoir les échanges économiques et les échanges d’idées parmi une cour cosmopolite. C’est d’ailleurs à cette époque que Marco Polo passa de nombreuses années à la cour de Kubilai Khan.

C’est sous la dynastie des Yuan que les céladons firent la conquête de nombreux autres pays : ils s’exportèrent vers l’Inde, et surtout vers l’Empire Ottoman, puisque Istanbul abrite actuellement, au palais de Topkapi, la plupart des céladons d’époque Yuan.

Mais surtout, on voit apparaître des vases « bleu et blanc » dont le décor est réalisé avec un bleu de cobalt importé depuis l’ouest de l’Empire mongol, au Moyen-Orient. Les fours sont pour l’essentiel situés à Jingdezhen, dont la position à proximité des ports du sud permettait la commercialisation à grande échelle vers le monde entier. La fantaisie des décors contraste alors avec le style épuré des céramiques Song. Sous l’influence de la peinture Yuan, de riches décors apparaissent donc sur ces vases, qui s’inspirent de la nature, avec des fleurs en tous genres et des animaux réels ou mythiques, tels que dragons et phénix. Ces décors auront un succès mondial et durable. Sous la dynastie Yuan, les fours de Jingdezhen améliorèrent la qualité technique de leur production, tout en s’éloignant du style classique des Song pour s’intéresser à l’art arabe, et concevoir des pièces « bleu et blanc » au décor exubérant. Ces évolutions contribuèrent à établir Jingdezhen comme le grand centre de production de la porcelaine pour les siècles suivants.

Dynastie des Ming (1368 – 1644)

On considère généralement que la dynastie des Ming a été l’âge d’or de la porcelaine « bleu et blanc ».

Jusqu’à la dynastie des Ming, la couleur bleue des céramiques provenait du cobalt exclusivement importé du Moyen-Orient. Mais, au début de cette dynastie, on découvrit du cobalt en Chine ; il était un peu différent du cobalt persan, car le cobalt chinois contient un peu de manganèse, et donne en conséquence un bleu un peu moins pur. Aussi les potiers chinois mélangeaient-ils le cobalt chinois avec du cobalt importé. La proportion exacte de cobalt d’origine chinoise a permis de dater de façon assez précise les pièces d’époque Ming.

Dynastie de Qing (1644 – 1911)

Sous cette dynastie, d’origine mandchoue, les techniques et les décors se firent de plus en plus élaborés, encouragés par les grands empereurs que furent Kangxi, Yongzheng et Qianlong.

Apparurent les porcelaines des familles vertes, puis familles roses, les sangs de bœuf, puis le rouge occidental. L’exportation en direction de l’Europe se développa considérablement. Ce fut d’abord l’empereur Kangxi qui lança la pratique des cadeaux d’objets de porcelaine offerts aux souverains étrangers. Puis l’exportation se développa, entraînant l’apparition de formes et de motifs destinés à répondre à la demande étrangère.

En Europe enfin, ce fut la découverte de la porcelaine chinoise par les Italiens au xve siècle, puis l’étude que fit au XVIII° siècle le Père jésuite François Xavier d’Entrecolles de la technique mise au point à Jingdezhen, qui furent à l’origine des productions de porcelaine en Europe. Dès 1712, le Père d’Entrecolles avait ramené les premiers échantillons de kaolin, mais ce ne fut que vers 1765 qu’on découvrit en France un gisement de kaolin à Saint-Yrieix-la-Perche, au sud de Limoges, et qu’on put dès lors produire de la porcelaine en France, sans doute aux environs de 1769.

Et pour le plaisir...