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Les maîtres languedociens apprennent l'art des couleurs par l'intermédiaire de faïenciers italiens itinérants. Les premiers à être identifiés, à la fois par les textes anciens et par les objets qui leur sont attribués, sont des artisans huguenots, Antoine Syjalon à Nîmes et Pierre Estève à Montpellier. Principalement destinées à la pharmacopée (Albarelli), leurs productions, appelées « majoliques languedociennes », imitent les décors polychromes italiens a quartieri où courent des rinceaux feuillagés et fleuris. Dans les années 1540, l'atelier de Masséot Abaquesne à Rouen sera fameux pour ses pots d'apothicaires et deux pavements de majolique peints pour le château de la Bastie d'Urfé et celui d'Écouen.

Bernard Palissy (1510 – 1590)

Cette figure légendaire de la céramique française est autodidacte, issu d’une famille modeste – son père était peintre sur verre.

En 1539, après avoir appris le métier de son père et voyagé, il s’établit à Saintes et se marie. Il avait été fasciné par une belle coupe blanche, peut-être une pièce de porcelaine chinoise et décide de consacrer sa vie à percer son secret et à reproduire ce bel émail blanc qu’il arrive à mettre au point progressivement à partir de 1545.

Jusqu’en 1556, il consacre sa vie à étudier la technique de cuisson des émaux et à tenter de reproduire la glaçure de la coupe qu’il avait vue : qui ne connaît l’histoire de Palissy, à court de bois, brûlant ses tables et son plancher pour y parvenir ?

S’il échoue cependant à découvrir le secret de la porcelaine chinoise, il innove en adaptant à la céramique le goût des grottes importé d’Italie vers le milieu du XVI° siècle. Ses pièces les plus connues sont des vases, statuettes, bassins, plats, ustensiles divers qu’il nomme ses rustiques figulines. Ces céramiques, évolution décorative de la céramique vernissée populaire, incluent des fruits, des feuilles ou des reptiles dans leurs décors naturalistes en relief. Elles resteront définitivement associées à son nom.

Ces travaux ont déjà attiré localement l’attention quand, en 1548, le connétable Anne de Montmorency est envoyé en Saintonge pour mater une révolte contre la gabelle. Découvrant les talents de Palissy, Anne de Montmorency, grand esthète, le fait travailler à la décoration du château d’Écouen, en cours de construction, et le protège comme de nombreux autres artistes tels que Jean Goujon et Masseot Abaquesne

En décembre 1586 il est arrêté comme huguenot, sur ordre de la Ligue et condamné au bannissement en juin 1587, mais il reste à Paris. Arrêté à nouveau en mai 1588, il est condamné à mort, va en appel et voit sa peine commuée en prison à vie. Emprisonné d’abord à la Conciergerie, il meurt à la Bastille en 1589 (ou 1590 ?), « de faim, de froid et de mauvais traitements ».

Les manufactures françaises

Le XVIII° siècle sera marqué par une multiplication du nombre de manufactures de faïence en France. Trois raisons historiques expliquent cet exceptionnel développement :

  • L’âge d’or de la faïence en France fut indirectement lié à la politique extérieure de Louis XIV. Pour financer ses nombreuses et ruineuses guerres contre des puissances étrangères, le souverain français demanda que soient fondus tous les objets et meubles en or et en argent du royaume. Cette décision affecta directement les services de table de l’aristocratie, qui se tourna alors vers la faïence.
  • La mode des armoiries, au début du XVIII°siècle, incita par ailleurs les nobles à faire réaliser des services en faïence ornés des armoiries familiales.
  • Enfin, le long essor économique de la France permit à la bourgeoisie de devenir une clientèle nouvelle pour la faïence. Néanmoins certaines manufactures comme celle de Rouen, purent se développer plus tôt grâce à la présence d’une forte demande locale et une position géographique stratégique

Nous donnons ici un résumé des principaux centres classés par date de création.

Rouen 1526

La faïence rouennaise apparaît au XVI° siècle avec Masseot Abaquesne. Ce contemporain de Bernard Palissy qui avait complété sa formation auprès des maîtres italiens de Faenza, fabriqua de magnifiques carreaux de céramique représentant des scènes historiées, des motifs d’arabesque, des emblèmes et des armoiries dans le style italien prépondérant à la Renaissance. Il créa aussi nombre de récipients de pharmacie et d’épicerie au décor également d’inspiration italienne.

Son chef-d’œuvre est la série de carreaux réalisée entre 1540 et 1548 pour décorer le château du connétable de France Anne de Montmorency à Écouen. L’entreprise de Masseot Abaquesne, en dépit des efforts de sa veuve et de son fils Laurent pour prendre la relève, ne survécut pas à sa mort, survenue en 1564.

La faïence fait son retour à Rouen au XVII° siècle avec le monopole accordé en 1644 par la Régente Anne d’Autriche à Nicolas Poirel, sieur de Grandval, qui engage Edme Poterat (1612-1687). Celui-ci lance le fameux décor bleu à lambrequins également dans la veine des techniques et des décors italiens de l’époque, eux-mêmes d’inspiration chinoise.

La décoration, d’abord sobre et limitée à la périphérie des objets, deviendra progressivement de plus en plus recherchée et recouvrira l’ensemble des pièces. Elle marquera pour longtemps le style rouennais.

Les Poterat ont continuellement cherché à créer et à innover. Ils sont ainsi les « inventeurs » de la porcelaine tendre en France. On ne connaît que peu de pièces dont on peut affirmer avec certitude qu’elles ont été produites à Rouen. Malheureusement, à sa mort, Louis Poterat a emporté son secret dans la tombe.

Rouen tentera bien au cours du XVIII° siècle de réduire ses coûts.  Mais les faïenciers ne pourront également rien contre l’évolution des goûts de leur clientèle, de plus en plus attirée par la palette de couleurs, la variété des décors, et la finesse de la porcelaine. Le déclin de la production sera rapide puisqu’à la veille de la Révolution, Rouen ne compte plus qu’une quinzaine de fabriques. L’influence de Rouen dans de nombreuses fabriques françaises est néanmoins très sensible.

Grand plat ovale orné d'enfants musiciens. ROuen vers 1700-1720. Faïence de grand feu à décor en ocre niéllé. Musée du Louvre
Plat ovale godronné, Rouen vers 1730. Faïence de grand feu à décor en bleu et rouge. Musée du Louvre
Plateau de table: Chasse au sanglier dans un cartouche rocaille. Rouen 1740. Faïence de grand feu polychrome. Musée du Louvre
Ecritoire à dcor de chinoiseries. Rouen vers 1750. Faïence de grand feu polychrome. Musée du Louvre

Nevers 1588

Alors que Nevers a déjà une activité de poterie non émaillée, la ville développe son activité de faïencerie à partir de la fin du XVI° siècle grâce à Louis Gonzague. Originaire d’Italie, devenu duc de Nevers en 1565 par son mariage avec Henriette de Clèves, Louis Gonzague fait venir d’Italie Augustin Conrade, potier d’Albissola en Ligurie, et ses frères, Baptiste et Dominique qu’il installe avant 1588 au château du Marais à Gimouille. Leur réputation et leur réussite deviendront telles, que Nevers s’affirmera au XVII° siècle comme capitale française de la faïence.

La matière première, argile, marne et sable, se trouve sur place. Le bois du Morvan permet de chauffer les fours. La Loire et le canal de Briare permettent d’acheminer et de diffuser la production.

Les premières faïences produites à Nevers sont réalisées dans le style italien, avec des décors historiés polychromes. Ce type de décor perdurera pendant tout le XVII° siècle mais dès le milieu du siècle, les décors vont commencer à se franciser en empruntant non seulement à la tradition française mais aussi à l’iconographie flamande, persane et chinoise. Par leurs créations originales, les faïenciers de Nevers vont influencer au XVII° siècle l’ensemble de la production française de faïence en apportant un style nouveau de décors qui sera repris dans tout le pays.

La faïence de Nevers est une faïence de « grand feu » qui exclut les retouches, le décor et l’émail stannifère du support étant vitrifiés en même temps. L’émail a un éclat bleuté au XVII° siècle et blanc pur au XVIII° siècle. Les coloris utilisés sont spécifiques : pas de rouge ni de noir, remplacés par l’orange (jaune obscur) et par le brun.

À son apogée, vers le milieu du XVIII°, l’activité faïencière occupa plus de 500 personnes. La faïence de Nevers connaît un important déclin au XIX° siècle en raison d’une double concurrence apparue à la fin du siècle précédent. D’une part, le traité commercial de 1786 avec l’Angleterre ouvre la France aux importations de faïences anglaises. D’autre part la production de porcelaine se développe en Europe à partir de la fin du XVIII° siècle, en particulier en France à Sèvres et à Limoges, et vient concurrencer les faïenceries. Les faïenceries de Nevers ferment au point qu’en 1881 seule subsiste la manufacture du Bout du monde.

Grand plat rond: L'enlèvement d'Europe. Nevers vers 1675 - 1680. Faïence de grand feu à décor polychrome. Musée du Louvre
Plaque murale: L'ivresse de Sylène. Nevers ver 1680. Faïence de grand feu à décor polychrome. Musée du Louvre

Marseille 1677

Les faïences de Marseille ont d’abord été produites à partir de 1677, dans le quartier de Saint-Jean du Désert, à l’est de la ville. Au début du XVIII° siècle, de nouvelles faïenceries de plus en plus nombreuses s’installent dans les quartiers de la porte d’Aix, au nord de la ville, ou de la porte de Rome et de la porte de Paradis au sud. Toutes les faïenceries de Marseille disparaîtront peu après la Révolution française, pendant la période 1796-1806. Marseille partage avec Nevers et Rouen, la renommée d’avoir été pendant plus d’un siècle l’un des principaux centres de fabrication de faïence en France.

Petit plat. Marseille vers 1750. Faïence à décor de petit feu polychrome. Musée du Louvre
Grand plat oblong. Marseille vers 1750. Att à la manufacture de la veuve Perrin. Faïence à décor de petit feu. Musée du Louvre
Grand plat rond copiant les décors de fleurs chinois. Marseille vers 1755 1765/ Att à la manufacture de la veuve Perrin.Faïence à décor de petit feu polychrome. Musée du Louvre
Terrine en forme de coquille. Marseille vers 1765-1770. Manufacture de la veuve Perrin ou Gaspard Robert. Faïence à décor de petit feu polychrome sur fond jaune. Musée du Louvre

Moustier 1679

Les Clérissy, venant sans doute d’Italie, sont installés vers 1550, comme « potiers de terre ». Pierre Ier est qualifié de « maître faïencier » en 1679. Son fils Antoine est associé à partir de 1702, il est le seul faïencier jusqu’en 1715. Son fils Pierre II, émancipé, devient à son tour associé en 1732, puis dirige seul à partir de 1736. Il vendra à Joseph Fouque.

Joseph Olérys introduit vers 1737 la polychromie et les décors de grotesques, et s’associe avec Jean-Baptiste Laugier en 1739 pour créer une nouvelle fabrique. À partir de 1830, toutes les fabriques ferment l’une après l’autre. Celle de Fouque persiste jusqu’à la moitié du XIX° siècle. La faïence de Moustier est alors oubliée jusqu’à sa renaissance au XX° siècle. La production est une faïence grand feu ornementale, généralement en camaïeu bleu et blanc.

Grand plat armorié. Moustier Sainte Marie. Vers 1700. Faïence de grand feu bleu et noir. Musée du Louvre

Quimper 1708

La faïence de Quimper est produite depuis 1708 dans le quartier faïencier historique de Locmaria, près du centre-ville de Quimper. Sa production s’est développée en faisant venir l’argile de Bordeaux et de Rouen, bénéficiant de la présence de deux cours d’eau, l’Odet et le Steir, et des forêts environnantes.

L’important développement de la faïence de Quimper au XVIII° siècle entraînera au XIX° siècle une concurrence acharnée des manufactures locales qui s’exprimera autant dans la créativité des décors que sur les bancs des tribunaux.

Au début du XX° siècle, Quimper compte trois grandes manufactures de faïence, dont les marques sont renommées dans toute la France : « HB » pour Grande Maison de la Hubaudière, « PB » pour Porquier-Beau, et « HR » pour Henriot.

À l’aube de la Grande Guerre, il ne reste plus que deux manufactures à Locmaria, HB-la Grande Maison et Henriot-Porquier-Beau.

La concurrence entre les deux manufactures est rude, marquée par le débauchage, la contrefaçon et bon nombre de procès. Mais les deux manufactures rivalisent surtout par des engagements artistiques forts. Chez Henriot, (HR) Mathurin Méheut fait figure de chef de file tandis que chez HB, René Quillivic remplit ce rôle avec Louis Garin.

Au début des années 1920, HB lance la production de grès de haut de gamme, aux formes et décors Art déco, sous la marque Odetta.

Keraluc est fondée en 1946 par Victor Lucas (1897-1958). Il s’entoure d’artistes qui savent faire revivre le fonds ancien et aussi apporter de la nouveauté, tels que Pierre Toulhoat ou Xavier Krebs. Après 1958, Keraluc se spécialise dans le travail du grès. Elle ferme ses portes en 1984. La marque a été rachetée par Faïenceries de Quimper HB-Henriot.

En 1968, la faïencerie Henriot connait de graves difficultés. Jean-Yves Verlingue, propriétaire de « la Grande Maison », fait une offre de reprise et fusionne en 1969 les sociétés HB et Henriot, réunissant les trois grandes manufactures d’origine sous le nom de « Faïenceries de Quimper ».

Bordeaux 1714

C’est le 13 novembre 1714 que Jacques Hustin, trésorier de marine à Bordeaux, obtient des lettres patentes avec privilège exclusif dans un rayon de 10 lieues pour la production et la commercialisation des faïences stannifères.
Grâce à ce privilège royal, renouvelé jusqu’en 1762, il détient le monopole de la fabrication des faïences dans ses ateliers bordelais.

Le véritable développement de la faïence fine de Bordeaux date du rachat de la fabrique par un Irlandais, David Johnston aidé par Boudon de Saint-Amans, ancien collaborateur de Lahens et Rateau et admirateur de la céramique anglaise.
David Johnston ouvre une manufacture à Bacalan qui va compter jusqu’à 700 ouvriers et fait venir d’Angleterre combustible et matières premières, profitant du transit régulier des navires venant charger du vin à destination de l’Angleterre. La production est alors industrielle, avec des décors imprimés aux motifs et couleurs variées et aux bordures ondulées ou mouvementées.

Jules Vieillard succède à David Johnston en 1845. Son action est déterminante dans le succès industriel de la manufacture de Bacalan mais aussi dans la qualité artistique d’une production qui fut unanimement célébrée au moment des Expositions universelles, d’où le nom communément donné à ces faïences de « Vieillard ».
Jules Vieillard recherche l’indépendance de ses approvisionnements et trouve dans le sud-ouest, à Périgueux, Bayonne ou Ribérac des matières premières pour ses productions. Dans sa dernière période, il développe un exceptionnel orientalisme dont on n’a pas fini de mesurer la richesse. Ses « assiettes au chinois » sont très recherchées.
Le succès commercial des faïences Vieillard est considérable, elles bénéficient d’un circuit de distribution parisien mais aussi du marché d’exportation porté par les navires chargés de grands vins qui quittent le port de Bordeaux.

En 1865 ses fils prennent sa suite et produisent des motifs très variés, riches tout spécialement de fleurs et d’oiseaux. Les murs de la salle principale du restaurant La Belle Époque, quai Louis XVIII à Bordeaux sont décorés de ces faïences. La manufacture ferme ses portes en 1895.

Strasbourg 1721

Le terme faïence de Strasbourg se réfère à celles produites par les faïenceries de Strasbourg et de Haguenau à Strasbourg au cours du XVIII° siècle.

Trois générations de la famille Hannong ont fondé et dirigé au cours du XVIII° siècle (entre 1721 et 1784) les manufactures de faïence de Strasbourg et Haguenau en Alsace, et la manufacture de porcelaine de Frankenthal dans le Palatinat.

La Faïencerie de Lunéville - Saint-Clément 1730

Elle est l’héritière des prestigieuses faïences de Lorraine depuis le XVIIIe siècle : le Lunéville et le Saint-Clément. La manufacture de Lunéville fut fondée vers 1730, tandis que celle de Saint-Clément le fut vers 1758, c’est la plus ancienne faïencerie toujours en activité

Samadet 1732

La rose de Samadet

En 1732, l’Abbé de Roquepine, Baron de Samadet, crée dans cette localité du sud-ouest de la France, la « Manufacture Royale de Fayence ». La présence d’argile de qualité, de bois, de sable, la position de Samadet sur l’axe Bordeaux-Pau et la proximité de l’Adour, l’incitent à fonder cette manufacture pour accroître ses revenus et rentabiliser ses possessions.

Officiellement créée en 1732, la Manufacture Royale de “Fayance” de Samadet connaît un développement rapide sous l’impulsion du faïencier Le Patissier. La Manufacture produit de la vaisselle blanche pour des assiettes, huiliers, salières, vases, fontaines, etc. Ainsi que des faïences au décor de camaïeu de bleus décorant des plats régence et Louis XV. Ces décors bleus sont parfois inspirés de Rouen : décors au charbon, à la fleur de solanée, au sainfoin, aux guirlandes, festons et lambrequins. La Manufacture inonde les marchés du Gers et du Béarn, possède des magasins à Montauban, Toulouse, La Rochelle et exporte jusqu’en Europe du Nord.

Dans les années 1755, les camaïeux verts au décor à la palombe font leur apparition. 1770 marque la reprise de certains décors aux grotesques et aux chinois, mais c’est aussi l’époque des décors floraux polychromes qui conduisent à la rose typique de Samadet.

De 1780 à 1788, la Manufacture produit des « Petits feu » et voit fleurir sur les assiettes, plats, soupières, de ravissants bouquets à la tulipe rose violine et aux feuilles vert cru. Des décors en polychromes sur fond jaune selon l’influence du midi et surtout sur fond d’émail blanc avec roses, œillets, tulipes ou papillons. Le décor à la touche, simplifié et stylisé, marque la fin de la production.

Samadet a produit quelques rares faïences historiées et “parlantes” mais rarement jugé opportun de dater, situer ou signer ses productions. On remarquera des pièces de formes exceptionnelles tels l’huilier-vinaigrier au cheval cabré et la salière à Vénus et Cupidon.

L’avenir commercial de la faïence locale s’assombrit vers 1785 en raison de la concurrence de la faïence fine anglaise et de l’apparition de la porcelaine. Les dernières productions datent de 1831, avant que la Manufacture, réduite à l’artisanat, ne s’éteigne en 1838. Les bâtiments sont en partie rasés. Le “Samadet” tombe dans l’oubli malgré une éphémère tentative de relance de la production à Saint-Sever, au début du XXème siècle.

Samadet, décor à la Palombe
Samadet, Huilier
Les bâtiments de la Manufacture

Aujourd’hui :

Depuis la fermeture de la manufacture en 1840, rien n’avait été fait pour garder vivant le souvenir de l’époque la plus glorieuse de Samadet. Il fallut attendre 1968 pour qu’une poignée de passionnés crée l’association “Comité de la Faïencerie de Samadet” puis le musée destiné à conserver la mémoire de ce passé et à promouvoir “le Samadet”.

Après 30 ans d’activité, de conférence, d’achats, de recherche, l’association donne, en 1999, au département des Landes, bâtiments, terrains et collections. Ainsi, après l’acquisition, en 1995, d’une centaine de faïences de Samadet de la collection Campet-Larreyre, le Conseil Général peut concrétiser sa volonté de préserver ce patrimoine sur son lieu de création, dans des locaux rénovés, agrandis et bénéficiant d’une nouvelle scénographie, le musée rouvre ses portes en 2001.

Desvres 1748

Bien que les premières traces de poteries remontent à l’époque romaine, il faut attendre le milieu du XVIIIe siècle pour voir se développer à Desvres une industrie de la faïence. Les études géologiques du XIXe siècle confirment la présence de gisements importants de matière première :

« Dans la forêt de Desvres, en perçant la couche d’argile qui se trouve immédiatement sous la craie verte, on trouve une couche blanche de sable ferrugineux qui sert à faire de la faïence. »

En 1748, la famille de potiers Boulongne est présente à Desvres ; ils y fabriquent des carreaux jusqu’en 1848. C’est la famille Level qui prendra la suite en 1850, suivie de Georges Martel, dit Géo Martel, en 1900.

En 1764, le notaire Jean-François Sta crée la première faïencerie desvroise. Elle sera reprise par Louis Alexandre Dupré en 1802. Cette faïencerie cessera son activité en 1810.

Les faïenceries Géo Martel, Masse, Gabriel Fourmaintraux ont aujourd’hui cessé leur activité mais des artisans perpétuent les traditions.

Dans les années 1990, au moment de la perte de vitesse des structures industrielles faïencières, d’anciens ouvriers ont fondé leur propre atelier. Parmi eux, Kristine et Bruno Morel, Jean-Michel Régnier qui produit des poêles en faïence ainsi que Philippe Lambert, au sein de l’atelier Phildéco.

Malicorne 1747

C’est en 1747 que Jean Loyseau s’installe à Malicorne. Il va créer la première manufacture locale, exploitant les gisements de terre de Ligron et le bois des abondantes forêts environnantes.

Villeroy & Boch 1748

Cette manufacture est créée en 1748 à Audun-le-Tiche, une localité située à la frontière franco-allemande. Initialement fabricant et distributeur de poteries, l’entreprise a évolué vers de multiples produits céramiques pour le secteur privé et les grands chantiers. Evoluant vers une production industrielle, elle est aujourd’hui en pleine activité et cotée en bourse

Creil et Montereau 1749

Après l’installation de Jean Rognon, premier faïencier de la ville (de 1720 à 1740), la manufacture de faïence fine de Montereau est fondée en 1749 à l’est du quartier Saint-Nicolas par Etienne François Mazois (1719-1762), avec l’objectif de concurrencer les célèbres faïences anglaises dites Queens’ware

Fondée en 1797, la manufacture de Creil, se développe surtout au XIXe siècle. Après la fusion avec la faïencerie de Montereau, la production est estampillée Creil et Montereau. Le développement de cet établissement fut durablement lancé à partir de 1801. En 1840 elle employait 900 ouvriers. Elle ferma ses portes en 1895.

Sarreguemines 1790 – 2007

Cette manufacture se situe en Lorraine, tout près de la frontière allemande. L’activité débute en 1790. Nicolas-Henri Jacobi et deux autres associés installent la première manufacture. C’est Paul Utzschneider qui reprend la manufacture et la fait grandir grâce à sa créativité et aux achats répétés de Napoléon 1° qui lui font de la publicité. Dès 1830, l’expansion est telle qu’il doit s’agrandir, et en 1838, il s’associe avec Villeroy et Boch. La révolution industrielle bat son plein, deux usines sont construites en 1853 et 1860, elles fonctionnent à la vapeur.

En 1871, l’usine devient allemande et s’agrandit, employant jusqu’à 3200 personnes. Mais deux usines sont créées en France : à Digoin et à Vitry-le-François.

Après la première guerre mondiale, l’unité se reconstitue sous le nom de Sarreguemines-Digoin-Vitry-le-François et est administrée par la famille Cazal.

De 1942 à 1945, la faïencerie est mise sous séquestre et l’administration confiée à Villeroy et Boch.

En 1978, à la suite d’une OPA, la manufacture est rachetée par le groupe Lunéville-Badonviller-Saint-Clément. Mais l’arrêt de la production de vaisselle lui est fatale, elle continue avec la production de carrelages, mais fermera définitivement ses portes en 2007.

Longwy 1798

La société commerciale des Faïenceries et Émaux de Longwy, fondée en 1798, par la famille Huart de Nothomb pour un couvent de est située en Lorraine, au nord du département de Meurthe-et-Moselle et aux frontières de la Belgique et du Luxembourg.

En 1875 fut fondé une filiale, nommée Longwy qui se spécialisa dans des céramiques très colorées dans un style extrême-oriental.

Après la première guerre mondiale, les pièces au style cubisant s’inspirent de la nature et de nus féminins. Longwy travailla pour Primavera et pour Pomone. La production continue toujours aujourd’hui.

Le savoir-faire des émaux de Longwy est inscrit à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.

Gien 1821

Les faïenceries de Gien sont une entreprise de fabrication de faïence fine située dans la ville française de Gien dans le département du Loiret et la région Centre-Val de Loire. Parmi les nombreuses faïenceries nées au XIX° siècle, la Faïencerie de Gien est l’une des plus renommées et la plus importante d’Europe

Digoin 1876

Suite à l’annexion de la Lorraine par les allemands en 1870, Alexandre de Geiger, directeur de la faïencerie de Sarreguemines refuse la nationalité allemande et rentre à Paris. C’est son files Pal qui assure la relève et qui, pour ne pas perdre le marché français, suggère la création d’une succursale en France. Le bourg de Digoin, en Saône et Loire est choisi grâce à son excellent réseau de communication ferré et fluvial. La production démarre en 1879. On y produit de la vaisselle, des terres à feu, des articles pour limonadiers et cuisiniers, des statuettes et objets décoratifs de la céramique architecturale. En 1901, on note 1700 ouvriers.

En 1968, la production évolue vers celle du Pyroblan, qui est un produit céramique particulièrement solide et stable : c’est une pâte vitrifiée, dure et imperméable, dont la composition assure une résistance élevée. Cette production démarre avec les pots à crème de la société Elisabeth Arden. Et continue aujourd’hui encore à fournir collectivités et restaurants. En 1978, la société est rachetée par le groupe Lunéville-Badonviller-Saint-Clément qui continue de produire encore aujourd’hui

Revernay 1896

Revernay est une sous-marque de Digoin et c’est le nom d’un lieu-dit près de Digoin. Cette dernière société y achète un terrain et y construit un château afin d’inscrire les futures productions dans un une identité de tradition et de prestige. Toutes les pièces seront signées : Revernay, peint en écriture cursive, et celles des débuts seront datées. Cette gamme de produit témoigne d’une recherche spécifique dans le domaine de la céramique d’art industrielle. Ce sont des grès qui sont issus d’une ligne, produit de recherches technique et stylistique, faisant appel à des artistes et des techniciens afin de s’adapter au marché de la céramique qui bénéficie de la faveur d’une clientèle aisée.

Les premières pièces sont proches de celles de l’Ecole de Carriès, puis ces grès garderont sobriété et rusticité jusque dans les années 50 où elles reviendront à de la faïence et au style lancé par les artistes de Vallauris.