Le terme « Porcellana » pour désigner une céramique apparait en 1298 dans le livre des merveilles du monde de Marco polo, célèbre pour avoir passé seize ans à la cour de Kubilaï Khan. Les céramiques auxquelles Marco Polo faisait allusion avaient une telle translucidité, un tel aspect de nacre qu’il leur donna le nom du coquillage que leur matière évoquait : le « Porcellana ».
Rappelons que les chinois avaient réalisé des semi-porcelaines au XII°s av JC avec du Kaolin*, simplement cuits à trop basse température pour avoir vitrifié. Pendant plusieurs siècles, ils chercheront à reproduire ces pièces blanches en les améliorant. Vers 570 ap JC, apparaissent des proto-porcelaines, sonores, dures et brillantes, mais pas encore transparentes.
C’est au début de la dynastie des Tang (618 – 907) que naissent les premières véritables porcelaines, faites de Kaolin* et de Feldspath*, véritable invention des potiers chinois. A la fin de cette dynastie, la production augmente, mais ce n’est que sous la dynastie des Yuan (1271 – 1368) que la technique est définitivement mise au point et que la Chine peut exporter ses merveilles aux quatre coins du monde.
Dès lors, l’occident et ses monarques en particulier, achètent, collectionnent et rêvent de ces pièces blanches translucides qui sont décorées de couleurs plus magnifiques les unes que les autres. Les cours rivalisent de splendeur, comme celle de Frédéric-Auguste de Saxe (1670 – 1733). Celui-ci est un collectionneur fou de porcelaine et cherche par tous les moyens à reproduire ces bijoux. C’est grâce à l’alchimiste Friedrich Böttger qu’il va réaliser son rêve. Ce chercheur, passionné de chimie depuis son plus jeune âge, profite de son apprentissage chez un apothicaire pour réaliser une foule d’expérience, cherchant vainement à produire de l’or. Le prince le fait enfermer dans son château et Böttger est condamné à trouver le secret de la porcelaine. Il postule d’abord que la porcelaine ne peut être obtenue qu’à très haute température, puis que la terre doit se vitrifier sans fondre. Il demande alors qu’on lui apporte des échantillons de terre de tout le pays et c’est en 1708, en faisant vitrifier une argile réfractaire blanche de Colvitz, avec apport successifs d’albâtre qu’il y parvient. La porcelaine européenne est née.
Comme la première porcelaine utilise l’albâtre comme fondant, et présente une translucidité jaunâtre, il trouve, en 1724, une nouvelle composition où le feldspath et la silice remplacent l’albâtre, et où la cuisson en réduction lui confère la blancheur parfaite de la porcelaine que nous connaissons.
Ajoutez votre titre ici Par la suite, la porcelaine de Meissen eut un succès majeur, et l’espionnage industriel atteignit son apogée. Si bien que cette recette fit tache d’huile en Europe. En France, c’est le gisement de Saint-Yrieix qui apporta, en 1768, le Kaolin le plus pur. La porcelaine française de Sèvres est née et rayonne dans le monde entier depuis ce moment-là.
La manufacture de Sèvres
Née en 1740, la manufacture de Vincennes, qui jouit depuis 1745 du monopole royal de la fabrication exclusive de la porcelaineProduit céramique à pâte fine, compacte, généralement blanche, translucide en faible épaisseur, vitrifié dans sa masse, et revêtu, le plus souvent d’une couverte brillante et transparente de caractère Feldspathique ou plombeux. Le composant essentiel de la porcelaine est le Kaolin, argile blanche, cuite à haute température. en France, se transporte à Sèvres en 1756 dans un bâtiment construit à l’initiative de Madame de Pompadour, à proximité de son château de Bellevue. Long de 130 mètres et haut de quatre étages, il est édifié entre 1753 et 1756 par l’architecte Laurent Lindet à l’emplacement de la ferme dite « de la Guyarde ». Il est demandé à cette manufacture royale de surpasser Meissen et de parvenir à la production de porcelaine dureLa porcelaine dure est composée de trois constituants essentiels, en proportion variables : le Kaolin, argile blanche, le feldspath qui est un fondant, et le quartz, sous forme de sable qui permet la vitrification et la translucidité. La pièce est cuite une première fois au dégourdi, (basse température, 800 à 1050°C), puis reçoit une couverte feldspathique et recuit à haute température (1250 à 1450°C). Cette couverte acquiert ainsi une dureté telle qu’elle n’est plus rayable par l’acier. Ce qui la différencie de la porcelaine tendre..
C’est en 1768, comme nous l’avons dit plus haut, et grâce à la découverte du gisement limougeaud, que la manufacture réalise ses premières pièces et les commercialise dès 1770. Louis XV permet à la Manufacture d’avoir un plus grand rayonnement en Europe en la plaçant sous l’entier contrôle de la Couronne. Dès ses débuts, la Manufacture trouve chez Madame de Pompadour une cliente et une protectrice.
Alexandre Brongniart (1770 – 1847)
Il est nommé directeur de la Manufacture de porcelaine de Sèvres, poste qu’il conserve jusqu’à sa mort en 1847. Il écrit en 1844 un Traité des arts céramiques ou des Poteries, avec atlas, œuvre capitale qui résume les recherches de toute sa vie. C’est ce grand homme qui propulse la céramique vers une spécialité à part entière et qui crée le musée tel que nous le connaissons.
La recherche de la qualité et de l’excellence sont les premiers moteurs de Sèvres, puis l’accueil d’artistes réputés et leurs recherches en collaboration avec les ouvriers de Sèvres donnent à cette institution un profil et une dimension hors norme. Lieu de création et de production, la manufacture attire de très grands artistes depuis le XVIII° tels que François Boucher, Auguste Rodin, Jacques-Emile Ruhlmann, Jean Arp, Louise Bourgeois, Pierre Soulages, Etore Sottsass ou Giuseppe Penone.
Aujourd’hui, quelques milliers de pièces sont produits chaque année, attribuées pour une part aux grands corps de l’État (Palais de l’Elysée, Hôtel Matignon…), pour l’autre, commercialisées dans ses galeries à Sèvres et à Paris ou à l’occasion de salons d’art tels que la Fiac, le Pavillon des Arts et du Design à Paris et à Londres ou la Brafa à Bruxelles.