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Le VIII° siècle

Seules les pâtes argileuses étaient connues sous les Omeyyades qui continuèrent à employer des techniques, décors et formes déjà mis au point aux périodes précédentes par les Parthes, les Sassanides et les Byzantins.

L’usage de glaçures était déjà connu sous les Sassanides. Certains objets omeyyades pouvaient donc être couverts de bleu, de vert ou de jaune.

La glaçure* est une couche brillante posée avant cuisson sur la pâte ou l’engobe, qui imperméabilise l’objet et peut participer à sa décoration.

Plat aux lettres lam-aleph. Iran ou Irak. 9°-10° s. Céramique argileuse peinte sur glaçure. Musée du Louvre

IX° et X° siècles : le monde Abbasside

Le ixe siècle fut marqué par deux inventions majeures et durables : la faïence décorée et le lustre métallique. Des centres de productions existaient en Irak à Kufa, Basra et Samarra ; ainsi qu’à Bagdad et Suse. La faïence fut le plus souvent utilisée pour réaliser des décors en bleu et blanc aux motifs végétaux, géométriques ou calligraphiques. Une autre technique de décor fut parfois employée à la fin du IX° et au X° siècle : la céramique jaspée, qui dénote l’influence des sancai, céramiques chinoises de la dynastie T’ang à décor de coulures de glaçure.

Si la faïence semble avoir été utilisée uniquement sur des pièces de forme, le lustre métallique au IXe et au Xe siècle est attesté aussi bien sur des objets que sur des carreaux de revêtement : l’un des plus remarquables exemples connus est le décor du mihrab de la Grande Mosquée de Kairouan (Tunisie), constitué de cent trente-neuf carreaux lustrés. Mais d’autres témoins de l’usage du lustre en architecture proviennent du site de Samarra (Irak).

Gobelet à pseudo-inscription. Suze, Iran. 9° - 10° s. Pâte argileuse décor peint sur glaçure. Musée du Louvre
Bol à l'échassier. Iran oriental ou Asie centrale. 10° - 11° s. Céramique à décor d'engobes. Musée du Louvre
Coupe à la chamelle allaitant son petit. Irak. 10°s. Pâte argileuse, glaçure, reflets métalliques monochromes. Musée du Louvre

X° - XIII° siècles

Ces siècles marquent l’apparition et le développement des décors d’engobe, en Iran principalement, mais également dans le reste du monde islamique. 

Le xie siècle est également le cadre d’une nouvelle révolution, avec l’apparition de la pâte siliceuse. Ce type de pâte semble avoir été découvert, ou plutôt redécouvert, car il existait dans l’Antiquité (Égypte, Mésopotamie), en Égypte fatimide (selon Scanlon) ou en Iran saljukide. Il reste toutefois réservé à de grands centres de production, pour des céramiques très luxueuses. La naissance de cette pâte résulta sans doute d’une recherche pour imiter les porcelaines chinoises, bien qu’il n’existât pas de kaolin dans le monde islamique, et aboutit à cette matière blanche, fine et très dure.

Le minaï (« émail » en persan), ou haftrang (« sept couleurs » dans la même langue), utilise la technique du décor de petit feu. Il s’agit d’une production spécifique à l’Iran saljukide : les premières pièces datées mentionnent les années 1180 et les dernières, 1210–1220.

Dans un suprême raffinement, il arrive que les techniques du lustre et du haftrang soient combinées, engendrant au moins trois cuissons : une pour la pâte et la glaçure, ainsi qu’éventuellement les couleurs stables, une pour le lustre, avec le changement d’atmosphère (oxydante et réductrice) et une pour les couleurs.

Le haftrang se distingue aussi par son décor qui reprend sans doute les peintures contemporaines (bien qu’aucun manuscrit ne puisse confirmer cette hypothèse), avec des scènes figuratives parfois très développées et qui peuvent faire appel à la littérature, comme le Shâh Nâmâ de Ferdowsi ou au Khamsa de Nizami.

La production très peu abondante de haftrang s’interrompt brusquement avec les invasions mongoles. La technique du petit feu, quant à elle, perdure avec le lajvardina*.

Plateeau tripode. Suze, Iran. 8° - 10° s. Pâte argileuse orné de coulure de glaçure. Musée du Louvre
Fragment de carreau de revêtement. Iran ou anatolie. 12° - 13° s. Céramique peinte sur glaçure. Musée du Louvre
Aiguière. Iran ou AzerbaÏdjan; 11° - 13° s. Céramique à décor champlevé et gravé. Musée du Louvre

Le XVI° et la céramique d’Iznik en Turquie

Alors que les empires safavide et moghol voient l’art de la terre cuite décliner, chez les Ottomans apparaît la céramique d’Iznik, petite ville du nord de l’Anatolie. Celle-ci comporte plusieurs particularités : sa pâte est siliceuse, mais du plomb y est ajouté afin de baisser la température de cuisson et d’économiser ainsi des matériaux de combustion. De plus, les céramiques sont recouvertes avec un engobe de même composition que la pâte : il s’agit donc du premier engobe siliceux. Le décor est ensuite peint sous glaçure incolore, et la pièce est cuite en une seule fois. Les couleurs utilisées sont tout d’abord le bleu, puis le turquoise, le vert, le rose, le gris, le noir, le pourpre et le brun apparaissent. Mais c’est le rouge vif, réalisé avec de l’oxyde de fer, qui va faire la réputation des céramiques d’Iznik. Ce rouge particulier apparaît en 1555. Les plus belles céramiques Iznik se trouvent au Palais de Topkapi à Istamboul.

La création de cette vaisselle magnifique répond probablement à l’amour des princes ottomans pour la céramique chinoise. Les premiers décors des pièces sont en effet bleus sur fond blanc, tout comme la porcelaine de l’époque Ming. Progressivement, les potiers ont ensuite imposé un répertoire et des décors personnels.

La production périclite en 1605 à la suite de l’incendie de cette ville, mais sa renommée va influencer les productions futures jusqu’aux céramistes de la fin du XIX°s comme Théodore Deck et l’exubérance de sa palette et de son décor contribue grandement à la formation du style végétalisant de l’Art Nouveau.

Chope. Turquie, IzniK. Vers 1580-1595.Céramique à décor peint sous glaçure. Musée du Louvre
Chope. TUrquie, Iznik. Vers 1580-1595. Céramique à décor peint sous couverte. Musée du Louvre

Et pour le plaisir...